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BRUTELLES
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22 mai 2008

La hutte (chasse au gibier d'eau)

hutte_soir

CHASSES TRADITIONNELLES   AU GIBIER D’EAU : Au fil des siècles, ce vaste espace privilégié qu’est la Picardie, fait de larges vallées humides, de zones de marais, devint sans conteste un des hauts lieux de la chasse au gibier d’eau, on y chasse les   courlis, oies, sarcelles, canards… Des techniques adaptées   s’y sont développées :
- Le hutteau. La chasse au hutteau se pratique essentiellement en Baie de Somme. Elle nécessite de la part du chasseur une bonne connaissance des courants et du mouvement des marées car on risque sa vie à se laisser prendre   par le flot ou a s'enliser dans le sable humide. Dans cette vaste étendue   plane, le chasseur doit se rendre invisible au gibier. Il creuse à la bêche, dans le sable, un trou dans lequel il se   tiendra allongé. Les pelletées de sable, rejetées latéralement, constituent à la périphérie une buttée. Ensuite une bâche   sera tendue au-dessus du trou et maintenue par des piquets. Le fond du trou est garni d’une toile sur laquelle le chasseur dispose   de la paille pour s’isoler de l’humidité et du froid. Une mince ouverture entre  le sable et la toile lui permettra de guetter et de tirer le gibier.
- Le hutteau à cerceaux : Lorsqu’il est impossible au chasseur de pratique un trou dans le sol des zones herbeuses de la Baie ou lorsque le niveau d’eau est trop proche, il installe un hutteau à cerceaux .C’est une simple toile tendue sur des arceaux de bois souple et maintenue   par des tendeurs.
- Le Cercueil : Utilisé au Crotoy, au nord de la Baie de Somme, le cercueil est une boîte en bois posée sur un chariot muni de deux toues qui le rendent facilement transportable. Il a la forme du funeste objet et remplace souvent le hutteau à cerceaux.   Cette forme est atténuée par des buttées de sable pour   mieux le dissimuler. Dans ces trois types d’affût, le chasseur doit de tenir à   plat ventre et faire preuve de patience, ce qui nécessite de sérieuses qualités   d’endurance.
- La hutte : La chasse se pratique de   nuit à l’affût. Les installations, fort diverses, se sont développées depuis le début de ce siècle. En bordure de littoral, elles étaient autrefois très sommaires. Il s’agissait d’une caisse en planches goudronnées dans laquelle le huttier pouvait s’asseoir, attendant le passage du gibier. Une botte de paille posée sur le sol évitait le contact avec la   grande humidité environnante (hutte à paille). En bord de mer, la hutte à paille (gabion) subissait l’inondation lors des fortes marées. En bord de mer, la hutte   à paille (gabion) subissait l’inondation lors des fortes marées. Pour pallier cet inconvénient   majeur, on fit à partir de 1930 des huttes flottantes reposant dans une fosse et solidement amarrées. Peu à peu les huttes   ont gagné en confort. Mieux chauffées, elles comportent parfois plusieurs pièces. Leur nombre a grandi car des mares artificielles ont même été   creusé en arrière du littoral. Dans les vallées, étangs, marais, et entailles sont aux pêcheurs  le jour et aux huttiers la nuit. Les huttes des marais, autrefois constituées de branchages et de roseaux, ont aujourd’hui suivi l’évolution communes vers le confort. En raison des difficultés d’accès, le chasseur s’y rend parfois en barque. Pour ce type de chasse, il faut disposer sur le plan d’eau des appelants. Ce sont des colverts plus ou moins domestiqués qui, sélectionnés   pour leurs cris, attirent le gibier et l’amènent à se poser. Leur disposition est le fruit d’un long savoir-faire. Ces appelants sont maintenus en place par un fil plombé qu’on leur   attache à la patte. Il en faut un minimum de   quatre. La Chanteuse, la plus éloignée de la hutte appelle le gibier. Les demi-cris puis les courts-cris, dont le chant va en diminuant incitent à la pose qui se fera auprès du maillard, un mâle   placé près des visées ou guignettes de la hutte, fentes par où s’effectuent la surveillance   et le tir. Aux appelants on ajoute   aussi des blettes ou formes (imitations de gibier d’eau). Elles peuvent être soit savamment disposées sur la mare et sont alors destinées à faire nombre à proximité   de la hutte pour attirer le gibier, soit fichées sur des piquets plantés sur le sable ou sur les grèves pour la chasse aux limicoles (aujourd’hui interdite). C’était jadis l’hiver, « à temps perdu » que les chasseurs taillaient eux-mêmes leurs blettes aux formes rudimentaires. La fabrication était faite à partir de matériaux de récupération,  bois, ferraillles, flotteurs de filets de pêche… La couleur n’était pas nécessaire pour le tir de nuit, mais c’était par plaisir qu’on imitait le mieux possible l’oiseau recherché. Les blettes traditionnelles ont reculé face aux formes en plastique qui sont pourtant fragiles, au dire des anciens.
- La chasse à la hutte : "La hutte maintient à la chasse, sport galvaudé, un caractère d'exception ;   surtout elle garde à toute la région de la Baie de Somme une occasion   de recul. Tous ces lieux qui, au Moyen-Age, étaient la mer même ou bien le plus sauvage conflit qui existât peut-être en France   entre la terre et la mer, Rue, Saint-Valery, d'autres noms dont la valeur est en vieux français, ne signifient aujourd'hui que " prés salés " ou stations un peu abritées, convenables aux poitrines qu'effarouche le vent de mer. Ces mêmes parages, où nous avons cherché Jeanne, éveillaient encore les plaintes   d'Oceano Nox. Pourquoi le poète n'a-t-il pas dit ces lieux de façon plus précise ? Hugo peut-être pouvait sauver leur part épique. Du moins les nuits de hutte rétablissent l'impression de l'extraordinaire marée picarde ; elles restituent l'attente, l'écoute des cris, les signes du vent, les contours indistincts, une demi-conscience. Les oiseaux de passage, et parfois d'étranges, font fête à la Baie de Somme plus qu'à toute autre. Pourquoi le vieil instinct  ramène-t-il ces bêtes à ces rivages ? Qu'y retrouvent-elles donc, qui jadis aussi y amenait les hommes du Nord ? Assez haut même dans la vallée, et jusque dans les boucles qui précèdent Bray ou Péronne, elles ont des haltes habituelles. Bien sot serait celui qui ne verrait là qu'une affaire de poules d'eau et de coups de feu. Quand les chasseurs s'entendent pour défendre qu'on touche aux cigognes nichées à Port-le-Grand, ce n'est pas préservation d'un gibier ou d'une rareté ; c'est, quoi qu'ils en aient, le sentiment d'une âme passagère."

 

 


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